Qu’est-ce que l’Alliance francophone ?


Fondée par Pierre Messmer en 1992, avec comme Président d’Honneur Maurice Druon de 2007 à 2009, l’Alliance Francophone dont Jean R. Guion, est le Président, a pour ambition de participer par tous les moyens, tant en France qu’à l’étranger, à la promotion et au rayonnement des valeurs véhiculées par la langue française.

Présente dans 108 pays à travers le monde, l’association compte aujourd’hui plus de 5 400 membres, dont plus de 2 000 en dehors de l’espace francophone. Cette richesse humaine exceptionnelle encourage l’Alliance, dans un esprit de fraternité, de culture et d’humanisme, à œuvrer, en synergie avec les partenaires extérieurs (Etats, associations, entreprises, individus sans exclusion), pour le dialogue et la défense de toutes les diversités. Apolitique, l’Alliance Francophone constitue une véritable force de proposition qui peut se prévaloir d’être animée par des esprits libres.

Pourquoi une Alliance ?

L’image de la francophonie, aussi prestigieuse soit-elle, paraît subir une légère érosion. L’esprit de solidarité, la culture, l’humanisme, qui constituent la base des valeurs francophones, sont aujourd’hui inégalement valorisés.

Avec plus de 50 pays membres, la Communauté francophone représente pourtant une force géopolitique et un pouvoir économique essentiels. Si son influence reste considérable, le monde de la francophonie souffre d’un déficit de notoriété en termes de création et de production.

De ce constat est née l’Alliance Francophone, une association qui entend dynamiser l’esprit et les valeurs francophones grâce à l’appui de professionnels et de personnalités de convictions francophones, en France mais aussi à l’étranger.

L’Alliance Francophone est une des rares associations, et peut être la seule, a s’autofinancer avec pour uniques ressources les adhésions et dons de ses adhérents.

L’Alliance Francophone, fidèle à son éthique, n’a jamais demandé de subventions étatiques estimant que ces dernières ne devraient, en tout état de cause, qu’être redistribuées intégralement aux causes humanitaires ou de solidarité à l’intérieur de la Communauté francophone et, en aucun cas, affectées aux gestions administratives des associations.

Elle diffuse « La Lettre Francophone », publication trimestrielle diffusée à 15 000 exemplaires (adhérents et abonnements) vers 99 pays différents.

Les Objectifs de l’Alliance...

Participer par tous moyens, tant en France qu’à l’étranger, à la promotion et au rayonnement de la francophonie, des potentialités de toute nature qu’elle génère et des valeurs qu’elle sous-tend.

C’est le cas en particulier de l’esprit de solidarité, de culture et d’humanisme que partage et anime cette communauté. Pour cela, les membres de l’association s’attachent à rechercher et à exploiter toutes les occasions de contact et de synergie avec l’ensemble des partenaires extérieurs (Etats, associations, entreprises, individus sans exclusion).

Dans un souci d’efficacité, compte tenu de l’ampleur des actions à entreprendre, la gestion de celle-ci s’effectue au travers de cercles thématiques, animés par des personnalités reconnues pour leurs compétences.

La Francophonie des hommes et des peuples

La langue française a été et demeure le vecteur de cet humanisme. La francophonie est trop souvent perçue comme passéiste, élitiste, nostalgique pour ne pas dire dépassée.

Notre francophonie n’est pas une forteresse assiégée où l’on constaterait avec affliction des brèches dans ses remparts. Notre francophonie est un espace ouvert sur le monde. La conception qu’en a, et que veut en faire partager l’Alliance Francophone, est celle d’un « savoir être » projeté dans le XXIe siècle si riche en défis exaltants.

Ceux qui, en France et ailleurs, se réclament des valeurs de Liberté, d’Egalité et de Fraternité, utilisent souvent notre langue pour rester les artisans convaincus de la compréhension, de la tolérance et de la générosité.

L’Alliance Francophone n’entend pas limiter son concept aux seuls aspects linguistiques, car si la francophonie s’exprime notamment dans la littérature ou les arts, tout comme dans le droit, l’économie, l’environnement, la gastronomie, la recherche, la santé, le sport et l’urbanisme, elle est aussi un « art de vivre ».

L’Alliance Francophone rassemble tous ceux qui partagent une « certaine idée » de l’humanité.

C’est cette francophonie qu’entend servir l’Alliance Francophone.

Les adhérents : qui sont ils ?

L’Alliance Francophone c’est

5 400 adhérents actifs
dans 108 pays
un réseau de 450 000 personnes adhérentes ou associées
composé de 53,1% de femmes et de 46,9% d’hommes
la proportion de francophones hors "champs de l’OIF" est de 54%, (supérieure à celle des francophones de l’OIF, 46%)

Sociologie :
Ouvriers / salariés 12,30%
Retraités 6,3%
Chefs d’entreprises 8,1%
Politiques (Ministres Chefs d’Etat) 9%
Diplomates 4,5%
Etudiants 18,9%
Médecins 7,2%
Humanitaires 12,6%
Enseignants 10,2%
Artistes-Culture 10,9%
Divers 3,7%

Implantation

Pays

Afghanistan , Afrique du Sud, Algérie, Allemagne, Argentine, Australie, Autriche, Azerbaïdjan, Bangladesh, Belgique, Bénin, Brésil, Bulgarie, Burkina Faso, Cambodge, Cameroun, Centre Afrique, Colombie, Congo Brazzaville, Côte d’Ivoire, Corée du Sud, Cuba, Djibouti, Dubaï, Ecosse, Egypte, Espagne, Etats-Unis, France, Gabon, Grèce, Guinée Bissau, Guinée Conakry, Haïti, Hongkong, Hongrie, Inde, Indonésie, Irak, Iran, Irlande, Italie, Japon, Jordanie, Kazakhstan, Kurdistan, Laos, Liban, Liberia, Luxembourg, Madagascar, Malaisie, Mali, Maroc, Mauritanie, Mexique, Namibie, Niger, Nigeria, Pakistan, Palestine, Panama, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Québec, Roumanie, Russie, République Dominicaine, Sénégal, Singapour, Sri Lanka, Suisse, Syrie, Taïwan, Tchad, Togo, Tunisie, Uruguay, Venezuela, Vietnam…

Bureaux régionaux

Aman – Bagdad - Bruxelles – Gaza – Haïti - Marbella – Montréal – Nagoya - Niamey - Ouagadougou - Paris – Singapour – Tunis – Tokyo

Maurice Druon

Président d’Honneur 2007-2009

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Maurice Druon de Reyniac, né le 23 avril 1918 à Paris et mort le 14 avril 2009, écrivain et homme politique français, membre de l’Académie française, dont il a été le Secrétaire perpétuel durant quatorze ans et le doyen d’élection (élection en 1966) depuis la mort d’Henri Troyat en 2007, fut notre premier Président d’Honneur après la disparition de Pierre Messmer.

Fils de Lazare Kessel (Russe d’Orenbourg immigré à Nice en 1908), lauréat du premier prix du Conservatoire et membre de la Comédie Française, suicidé par balle à l’âge de 21 ans avant de l’avoir reconnu, Maurice Druon est baigné par son ascendance dans la littérature : il est le neveu de l’écrivain Joseph Kessel, arrière-petit fils d’Antoine Cros, troisième et dernier roi d’Araucanie, arrière-petit neveu du poète Charles Cros, et l’arrière-arrière-petit fils d’Odorico Mendes, homme de lettres brésilien, protecteur du 17e fauteuil de l’Académie brésilienne des lettres.
Il porte le nom de son père à l’état civil, René Druon de Reyniac, notaire dans le Nord, avec qui sa mère s’était mariée. Il passe son enfance à La Croix-Saint-Leufroy, en Normandie, où il fait la connaissance de Pierre Thureau-Dangin, fils de Paul Thureau-Dangin, secrétaire perpétuel de l’Académie française. Il fait ses études secondaires au lycée Michelet de Vanves. Lauréat du Concours général en 1936, il commence à publier, à l’âge de dix-huit ans, dans les revues et journaux littéraires tout en étant élève à la Faculté des lettres de Paris puis à l’École libre des sciences politiques (1937-1939).

Le Résistant

Élève officier de cavalerie à l’École de Saumur en 1940, il participe à la Campagne de France, participant aux combats des cadets de Saumur sur la Loire. Après sa démobilisation, il reste en zone libre, et y fait représenter sa première pièce, Mégarée. Il s’engage dans la Résistance et quitte la France en 1942 avec son oncle Kessel, traversant clandestinement l’Espagne et le Portugal pour rejoindre à Londres les rangs des Forces Françaises Libres du Général de Gaulle. Il devient l’aide de camp du général François d’Astier de la Vigerie, puis attaché au poste « Honneur et Patrie » avant d’être chargé de mission pour le Commissariat à l’Intérieur et à l’Information et correspondant de guerre pour l’armée françaises de 1944 à la fin des hostilités.
Il écrit avec Kessel « le Chant des partisans » sur une musique composée par Anna Marly, l’hymne aux mouvements de la Résistance.

L’Écrivain

À partir de 1946, il se consacre à sa carrière littéraire, avec un Prix Goncourt (1948) pour son roman « Les Grandes Familles » et divers prix prestigieux. Le 8 décembre 1966, il est élu au 30ème fauteuil de l’Académie française, succédant à Georges Duhamel. Il accède à la célébrité avec la saga historique littéraire « Les Rois maudits » adaptée en 1973 à la télévision. Maurice Druon n’a jamais caché que cette est le résultat d’un travail d’atelier et il remercie dans sa préface, entre autre, Gilbert Sigaux, José-André Lacour et Edmonde Charles-Roux.

Il participera entre 1969 et 1970 à la Commission de réforme de l’ORTF.
Le ministre des Affaires culturelles…

Engagé politiquement, Maurice Druon est nommé en 1973 ministre des Affaires culturelles par Georges Pompidou.
La nomination de cette figure historique du gaullisme, seul non-élu du gouvernement, homme de lettres popularisé par ses succès littéraires, résistant et ne cachant pas son goût pour l’ordre, devait permettre de calmer une majorité échaudée par le projet de Beaubourg. Il assoit sa légitimité politique, affirmant à Jean Mauriac :« Et puis, au fond, mes lecteurs ne sont-ils pas mes électeurs ? ».
Sous son ministère, doté d’un budget d’environ 0,5% du budget de l’État, pas encore grevé par les travaux de Beaubourg, est créée l’Association française pour les célébrations nationales. La Caisse nationale des Lettres du ministère de l’Éducation nationale est transférée, sous le nom de Centre national des Lettres, à celui des Affaires culturelles, avec des attributions élargies à l’aide aux auteurs et à la littérature francophone non française. De nouveaux Centres d’action culturelle sont homologués à Annecy, Douai, Fort-de-France, Montbéliard et Paris, les orchestres nationaux se mettent en place à Toulouse, Bordeaux et Alforville, les budgets des théâtres nationaux sont augmentés, et la Comédie française rénovée.

Le Secrétaire perpétuel de l’Académie française

Secrétaire perpétuel à partir du 7 novembre 1985, il renonce à cette fonction en octobre 1999, cédant la place à Hélène Carrère d’Encausse, et devenant au 1er janvier suivant, secrétaire perpétuel honoraire. Académicien, il intervient régulièrement sur l’évolution, qu’il souhaite très lente, de la langue française face à la société, il est particulièrement hostile sur la féminisation des mots.
En 1990, à l’occasion des réflexions sur la nouvelle orthographe demandée par Michel Rocard, il prône des rectifications limitées, non restrictives, pour que l’usage ratifie les évolutions de la langue.

Il est également membre de plusieurs académies, comme celles de Bordeaux, d’Athènes, du Maroc et l’Académie roumaine. Il collabore également comme chroniqueur irrégulier au Figaro, rassemblant ses écrits en plusieurs ouvrages dont Le Bon français (1996-1999) et Le Franc-parler (2001-2002).

Le « Gamin » de Pierre Messmer !
Hommage de Jean R. Guion - Président international de l’Alliance Francophone

Le « Gamin » de Pierre Messmer, notre Président d’Honneur, est parti rejoindre son « Cher Pierre »…
C’est ainsi que Pierre Messmer, avec l’humour froid qu’on lui connaissait, appelait son frère d’armes, de cœur et d’esprit…au prétexte qu’il avait 5 ans de moins que lui !
Jusqu’au bout Maurice Druon aura gardé la fraîcheur d’esprit d’un jeune homme frondeur, la vivacité d’un adolescent s’enflammant pour de nobles causes, allié à la suprême élégance d’un éternel combattant…
Ses colères furent épiques, ses affections ne le furent pas moins.
Alors que je lui posais la question de savoir pourquoi il s’était mis en retrait de ses hautes fonctions de Secrétaire perpétuel de l’Académie française, situation unique dans l’histoire de cette grande maison, persuadé que c’était pour des raisons de santé – ce que je lui avouais – il me répondit avec sa voix forte et si particulière : « Ai-je l’air moribond ? Voyez-vous notre belle et noble Institution est une prison dorée dont la Coupole suinte de nombreux devoirs de réserve… Alors j’ai décidé de reprendre ma liberté. J’ai encore tellement de bagarres à mener ! »
Sa plus belle, sa plus permanente « bagarre » fut celle pour la défense de notre langue qu’il rêvait de voir redevenir celle du Droit européen.
Pour lui les grands étaient petits, et les petits, grands !
C’est ainsi que s’opposant à la candidature d’un ancien chef d’Etat français, pourtant appuyée par son ami Jean d’Ormesson, mais qui avait à ses yeux commis l’impardonnable faute d’avoir trahi le Général de Gaulle, il argumenta son vote négatif en déclarant : « Son œuvre littéraire est aussi inconsistante que ses actes nobiliaires… ».
En revanche, il n’hésitait pas à répondre longuement, et avec considération, à une classe de CM2 de banlieue qui lui avait fait parvenir des illustrations et commentaires sur le Chant des Partisans !
Lorsqu’il a accepté la Présidence d’Honneur de notre association, répondant aux vœux posthumes de Pierre Messmer, il m’a fait cette réflexion : « J’accepte pour ce cher Pierre. Je suis en effet à un âge où on se retire plutôt des fonctions de toutes natures… La prochaine fois, car elle viendra vite – ajouta-t-il d’un air à la fois malicieux et résigné – pensez donc à quelqu’un du Sud, car c’est de là que viendra le salut de notre langue et celui de l’Humanité ! J’ai quelques idées… » Nous en avons souvent reparlé !
Il s’amusait beaucoup du qualificatif de « réac », que ses ennemis lui servaient régulièrement, lui qui fut de tous les combats contre toutes les idéologies, du fascisme au communisme, lui qui aimait et respectait profondément toutes les cultures.
Il dérangeait parce que, comme Pierre Messmer, il cultivait une attitude politiquement incorrecte… Une de leurs nombreuses qualités communes !
Bien rares furent les fois où nous nous sommes entretenus sans qu’il ne me dise et redise : « N’oubliez jamais, Jean Guion, que c’est notre association, nos amis et vous qui briserez les barreaux des prisons pour nos frères…de langue et de culture ! »
Cette interprétation du si beau texte du Chant des partisans, dont il était le co-auteur, appliquée à l’Alliance Francophone fut probablement le plus bel hommage qui ait jamais été rendu à notre action.
Vous nous laissez avec une belle mais lourde mission Monsieur Druon !
Amis entendez-vous ?

Stéphane Hessel

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Plus que jamais, à ceux et celles qui feront le siècle qui commence, nous voulons dire avec notre affection : « Créer, c’est résister. Résister, c’est créer ».

« Une nouvelle Résistance… »

Stéphane Hessel, par ses engagements, ses prises de positions courageuses sur les grands problèmes de son temps, ainsi que par le rôle qu’il a joué dans l’histoire des Droits de l’Homme et dans celle de la France, incarne les combats de l’Alliance Francophone pour la défense des Droits Humains et pour la promotion de la diversité culturelle.
Son engagement répond aussi à la mission qui nous a été confiée par Pierre Messmer et Maurice Druon de faire entrer l’Alliance Francophone dans « une nouvelle Résistance… », et de poursuivre nos actions, hors des chemins battus « du politiquement correct » !

« Etre partout sans être enfermé nulle part »
Stéphane Hessel est né en 1917, à Berlin, d’un père, Franz, membre de la grande bourgeoisie juive polonaise émigrée en Allemagne et ayant fait fortune dans le commerce des grains, partiellement convertie au protestantisme luthérien, et d’une mère, Helen Grund, fille d’un banquier prussien et protestant. Son père, dès son plus jeune âge, le voue aux lettres, aux langues et aux études de l’Antiquité grecque. Sa mère, qui dessine et peint, notamment, est l’héroïne de Jules et Jim, le fameux roman de Henri-Pierre Roché, ami de son père (roman qui sera "illustré" au cinéma par François Truffaut). Immigré en France en 1925, bachelier à 15 ans, reçu à l’Ecole Normale supérieure et naturalisé français en 1937, époux, en 1939, de Vitia, une jeune juive russe, la fille de Boris Mirkine-Guetzevitch, un célèbre professeur de droit constitutionnel

Etre né le 20 octobre 1917 à Berlin est déjà le signe d’un destin. Etre inscrit à l’école communale de Fontenay-aux-Roses en 1924 sans parler un mot de français et sortir normalien à la veille de la guerre n’est pas un parcours ordinaire. Etre parmi les premiers arrivés à Londres pour rejoindre la France libre et se retrouver plongé au cœur de l’action secrète dans le BCRA du Colonel Passy n’est pas un itinéraire si fréquent en tout cas pour un natif de Berlin naturalisé français en 1937. Etre élevé bien plus tard à la dignité d’ambassadeur de France avec une telle origine est pour le coup un formidable pied de nez à ces nationalismes qui ont déchiré l’entre-deux-guerres. Etre arrêté par la Gestapo à Paris en juillet 1944, envoyé dans les camps de Buchenwald, Rottelberode et Dora, s’évader trois fois pour retrouver Paris, pile le 8 mai 1945, ce n’est pas seulement avoir été au rendez-vous de l’Histoire mais aussi avoir pu voir au plus près cette barbarie humaine dont tous ses engagements ultérieurs viseront à prévenir la répétition. Etre partout sans être enfermé nulle part, ce pourrait être la devise d’un homme qui a toujours cultivé le goût et le refuge de la poésie qui libère l’imaginaire et amène cet incroyant au seuil qui sépare le visible de l’invisible.
(Témoignages pour l’histoire un livre de Stéphane Hessel et Jean-Michel Helvig - Editeur : Fayard - 9/4/2008)

« Un honnête homme du XXIème siècle.. »

Prisonnier évadé en 1940, il rejoint le général De Gaulle à Londres en mai 1941. Engagé dans les Forces aériennes françaises libres il obtient, en mars 1942, la qualification de navigateur sur bombardier mais c’est dans le Bureau de contre-espionnage, de renseignement et d’action (BCRA), chargé d’informer l’état-major britannique, qu’il entre.
Sa femme Vitia le rejoint en novembre 1942. En mars 1944 il est envoyé en France pour une mission de cents jours (la mission Greco). Le 10 juillet 1944 il est arrêté par la Gestapo et envoyé à Buchenwald en août où, en novembre, il bénéficie d’un complot qui lui permet d’être chef comptable au camp de Rottleberode. En janvier 1945 sa tentative d’évasion ayant échouée il est envoyé à Dora, le camp où sont fabriqués les V-1 et V-2. Le 4 avril il s’évade et rejoint les américains. Il est à Paris le 8 mai 1945.

Admis, en novembre 1945, au concours des Affaires Etrangères, Stéphane Hessel fait toute sa carrière, jusqu’en 1985, dans la diplomatie, tout en étant, sous la 4ème République, l’un des proches collaborateurs de Pierre Mendes-France, connu à Londres en 1943.
Stéphane Hessel a notamment participé à la rédaction de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948.

François Mitterrand fait de lui un Ambassadeur de France (élevé à la Dignité-titre à vie), un délégué interministériel, un membre de deux instances administratives de premier plan - la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle, puis le Haut Conseil pour l‘Intégration.

Stéphane Hessel sera, en1996, le médiateur dans l’affaire des "sans-papiers" de l’église Saint-Ambroise, puis de Saint-Bernard.

Il est un des porte-paroles de la cause Palestinienne, et de celle des résistants birmans avec Madame Aung San Suu Kyi.

Gaza : un véritable crime contre l’humanité
Entretien avec Swiss Info, 5 janvier 2009

« Il faut que cette accumulation de mépris, d’humiliation et de haine cesse le plus vite possible, au nom de ce que l’histoire nous a appris sur la possibilité du pardon, [...] il faut avoir hâte que cette possibilité de pardon et de solidarité dans un Proche-Orient pacifique puisse être rétablie. »

« En réalité, le mot qui s’applique - qui devrait s’appliquer - est celui de crime de guerre et même de crime contre l’humanité. Mais il faut prononcer ce mot avec précaution, surtout lorsqu’on est à Genève, le lieu où siège un haut commissaire pour les Droits de l’Homme, qui peut avoir là-dessus une opinion importante.
Pour ma part, ayant été à Gaza, ayant vu les camps de réfugiés avec des milliers d’enfants, la façon dont ils sont bombardés m’apparaît comme un véritable crime contre l’humanité ».

C’est la disproportion qui vous choque, entre les roquettes palestiniennes et une offensive terrestre massive ?

« C’est l’ensemble du comportement....Une terre densément peuplée, la plus dense du monde probablement, sur laquelle on frappe avec des instruments militaires qui ne peuvent pas faire la différence entre les militaires et les civils. D’ailleurs il n’y a pas de militaires, il n’y a que des civils à Gaza - des militants peut-être, mais sûrement pas une armée.
C’est une armée, une des plus puissantes du monde, qui s’attaque à une population qui n’a vraiment pas de défense. Ca, c’est typiquement un crime de guerre ».

A quoi peut aboutir cette offensive ?

« C’est le plus grave. On a bien l’impression qu’une fois de plus des militaires essayent de mettre un terme à l’activité de guérilla. Nous avons vu que dans tous les cas de figure récents dans le monde, que ce soit le Vietnam, la Tchétchénie ou quoique ce soit d’autre, il n’y a pas de solution militaire. La solution c’est la négociation. »

Mais le choix de la violence, [provient du fait] que la blessure de la seconde guerre mondiale et de la Shoah n’est pas refermé...

« Oui, c’est évidemment ce qui permet à un gouvernement qui lui n’a plus rien à voir avec cette Shoah, et qui n’est plus composé de victimes potentielles de cette Shoah... que ce gouvernement puisse s’appuyer sur ce souvenir dramatique, auquel nous sommes tous extraordinairement sensibles, moi tout le premier. C’est l’horreur, absolue commise par les nazis. Mas cela ne doit pas permettre à un Etat d’Israël, actuellement le plus puissant de la région, de violer impunément toutes les règles internationales ».

Jusqu’à maintenant le chemin vers la paix c’était deux Etats côte à côte, un Etat Palestinien et un Etat Israélien. Est-ce encore possible, ce partenariat avec les Palestiniens ?

« C’est la seule solution. Elle est rendue de plus en plus difficile, au fur et à mesure que s’accumulent de part et d’autre, soit le mépris et l’humiliation, soit la haine. Il faut que cette accumulation cesse le plus vite possible, et alors, au nom de ce que l’histoire nous a appris sur la possibilité du pardon - nous l’avons éprouvé, nous européens, et dans d’autres pays, en Afrique du Sud aussi - il faut avoir hâte que cette possibilité de pardon et de solidarité dans un Proche-Orient pacifique puisse être rétablie ».